Le gouvernement guinéen a entamé mardi le paiement des indemnités accordées aux victimes du massacre du 28 septembre 2009, en application de la décision rendue par le tribunal criminel de Dixinn en juillet 2024.
Un montant global de 119,9 milliards de francs guinéens (environ 13 millions USD) a été débloqué par l’État pour indemniser 334 victimes reconnues par la justice.
La cérémonie officielle de lancement s’est tenue dans la salle d’audience où s’est déroulée le procès historique des ex-dirigeants et responsables sécuritaires impliqués dans les événements tragiques de 2009.
Le décret présidentiel du 26 mars 2025, signé par le chef de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a officialisé la prise en charge des frais d’indemnisation par l’État, les condamnés étant, selon les autorités, dans l’incapacité de s’acquitter des montants exigés.
Une commission d’indemnisation a été mise en place pour superviser le processus. Elle est chargée de vérifier la liste nominative des bénéficiaires, en fonction du type d’infraction subie et des montants alloués par la décision judiciaire.
Selon le jugement du 31 juillet 2024, les indemnisations s’élèvent à :
- 1,5 milliard GNF par cas de viol,
- 1 milliard GNF par cas de décès ou de disparition,
- 500 millions GNF par cas de pillage,
- 200 millions GNF par cas de torture ou de coups et blessures volontaires.
Le massacre du 28 septembre 2009, survenu dans le stade de Conakry, avait fait plus de 150 morts, des dizaines de femmes violées et de nombreuses personnes disparues, selon le rapport de l’ONU.
Les violences avaient été commises lors d’une répression sanglante d’un rassemblement de l’opposition sous le régime du capitaine Moussa Dadis Camara.
Longtemps réclamé par les victimes et la société civile, le procès a finalement débuté en septembre 2022, sous le régime du général Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2021.
Douze accusés, dont d’anciens hauts responsables militaires et politiques, ont été jugés. Huit d’entre eux ont été condamnés à des peines allant de dix ans de prison à la perpétuité.
L’indemnisation, aujourd’hui amorcée, représente un acte fort dans le processus de justice transitionnelle engagé par les autorités actuelles.
Mais pour de nombreuses victimes, cette étape ne saurait effacer les années d’attente, d’impunité et de souffrance.
Kadiatou N’Diaye